L’homme qui tua sa liberté à Valence

Généralement, qui dit Western, pense grands espaces, chevauchées endiablées, attaques de convois, conquête de l'Ouest.
Pourtant le Western, ce n'est pas uniquement la chasse aux diligences, les quêtes à travers Monument Valley, ou les descentes de rapides en compagnie d'une fille de pasteur.
Ce sont aussi des intrigues passionnantes et efficaces se déroulant dans des lieux plus resserrés, tels que la prison de Rio Bravo, le saloon où se tiennent les joutes verbales entre Vienna et Johnny Guitare, voire la ville du shérif Will Kane.
Ainsi, avec la contrainte "un seul lieu", il est possible de penser à des Westerns de référence. Et du coup, la contrainte devient un challenge.

Dans un lieu, un homme et une femme, autrefois amants se retrouvent dans un saloon. L'idée est de faire naître des questions, de suggérer que quelque chose cloche lors de ses retrouvailles. Puis, de faire monter le mystère et la tension quand on découvre que l'homme n'est que de passage, car en fuite.

Des petites phrases en apparence anodines mais finalement pleines de sens, des regards suspects, et ces quelques clients un peu trop calmes pour être honnêtes. Des éléments qui permettent de suggérer que cette rencontre n'est pas innocente et que des enjeux autrement plus dramatiques sont présents. Tout ceci pour mettre en place un environnement où les mots peuvent faire plus mal que les balles. En somme, nous retrouverons également des éléments de film noir dans un Western.

Le Western est le genre cinéphilique par excellence. Mille fois annoncé mort, il n'a certes plus de grand représentant, mais de nombreuses œuvres continuent aujourd'hui à être produites, de la série B, voire Z au véhicule pour Oscars. Quel cinéphile n'a pas grandi émerveillé par les exploits héroïques d'Alan Ladd, James Stewart, Gary Cooper? Par les grandes fresques de Henry Hathaway ou les films d'aventures d'Anthony Mann?

Ainsi, avec son héros mystérieux et son héroïne vénéneuse, l'idée est de retrouver le plaisir simple d'un bon vieux Western. Comme le lieu unique retient ces personnages et que les non-dits semblent les étouffer, tourner en 4/3 permet d'accentuer ce sentiment d'étouffement. Aussi, cela permet de revivre ces moments où nous découvrions ces fameux Westerns la première fois à la télé, et où les écrans 16/9 en ultra-HD n'existaient pas. En 4/3, certes, mais en Technicolor (ou simulé) pour sûr !