Trois blockbusters de l’été – notre critique

Le raté, le bon et le merveilleux

de Philippe Mathieu

Je me suis dévoué. Même pas peur, allez c’est parti, c’est l’été de toute façon dehors c’est irrespirable et dedans c’est climatisé. Alors, suivez le guide et vous voilà embarqués pour trois blockbusters. Et si vous le voulez bien (surtout moi d’ailleurs) nous irons crescendo.

Commençons donc par le pire du pire qui a coûté la bagatelle de près de 200 millions d’euros. Je sais ce n’est pas un argument de critique mais ce fut un argument de vente alors je le reprends à mon compte. Tout le monde aura reconnu « Valérian et la cité des mille planètes ». On va rapidement évacuer ce long moment d’ennui profond (2h18). Mais comment ? Pourquoi ? Ok les effets spéciaux sont… pas trop mal (à condition d’avoir oublié Avatar) mais le reste !? Les gags sont éculés, et donc prévisibles, mais bon pourquoi pas, sauf qu’à ce prix on attendait mieux. En revanche pour ce qui est du casting, désolé on ne comprend pas. Dane DeHaan interprète donc Valérian, soit disant tombeur intergalactique. Alors soit les codes de séduction ont bien changé au 27e siècle soit il y a erreur de distribution avec un boy next door particulièrement insipide. Pour ce qui est de Laureline avec Cara Delevingne là non plus ce n’est pas très excitant. D’ailleurs dans ce registre Rihanna (oui elle passait par là) nous fait une belle et donc excitante démonstration de ses talents de transformiste. Je crois qu’on va en rester là, le film s’est vautré aux Etats-Unis, semble séduire le public français et devrait faire un carton en Chine… pays qui a produit un tiers du film.

Nettement au dessus « Dunkerque » de Christopher Nolan. Là il s’agit de sauver l’armée britannique en perdition devant l’avancée éclair de l’armée allemande et confinée dans la poche de Dunkerque. Une histoire vraie donc. Tellement vraie que dès la première scène on se demande d’où viennent ces images d’époque en couleur ! Du coup on en arrive vite à baisser la tête quand fusent les balles allemandes ou a espérer que son Spitfire va tenir le coup devant le canon de 20mm du BF109 (je fais mon malin mais il s’agit d’un Messerschmitt). Pour peu qu’on ait une « légère » passion pour l’époque on n’a qu’une envie c’est de revoir le film pour repérer encore d’autres détails. Et si on n’a pas chevillée au corps la Blitzkrieg et ses développements qu’importe, on ne peut que se retrouver dans le sens du devoir mais surtout sur ce qui est véritablement important dans la vie : sauver sa peau et/ou sauver celle des autres. Du classique que ce « Dunkerque » qui fonctionne particulièrement bien.

Le conseil de la rédaction : n’hésitez pas à voir, ou revoir, le point de vue français de ce même épisode réalisé par Henri Verneuil en 1964 « Week end à Zuydcoote » avec un certain Jean-Paul Belmondo.

Et, le meilleur pour la fin avec « La planète des singes – suprématie ». C’est la bande annonce qui m’a convaincu. Pas particulièrement enclin a me replonger dans cette adaptation (la neuvième au cinéma…) du livre de Pierre Boulle, j’entr’aperçois dans les trailers une sincérité chez… les singes. Et bien m’en a pris. L’histoire donc reprend cette lutte entre les hommes et les singes. Des singes plutôt pacifistes et des hommes terriblement menacés par des maladies et la perte de la parole et donc de ce qui les fait hommes. Matt Reeves signe là une très belle réalisation qui donne la part belle aux grands espaces tout en se confinant dans la lutte sans merci entre César, le singe joué par Andy Serkis et le Colonel (avec un Woody Harrelson très convaincant et tout autant référencé Colonel Kurz dans Apocalypse Now, cela en est jouissif). Allez vite voir cette planète qui au bout de quelques minutes nous fait nous questionner sur notre rapport avec les animaux…