Notre critique : “M” – Sara Forestier

En fait, ce n’est rien qu’une histoire d’amour… M, le premier film de Sara Forestier, met un peu les pieds dans la facilité.

“M” – Sara Forestier

Pour son premier long-métrage, Sara Forestier met en scène Lila (elle-même) et Mo (Redouanne Harjane) dans une histoire d’amour complexe. Ils se choquent tels deux icebergs cachant leur lourd secret sous la surface. La fragile Lila est bègue et le fort Mo ne sait pas lire.

Entre honte et frustration, les deux protagonistes tentent de mener leur barque dans une société qui ne veut pas de leur handicap. Le climat de tension imposé par Mo met une pression intéressante au film. La musique est particulière et sonne comme une playlist faite maison. Elle fonctionne bien avec cette image à la fois audacieuse et maladroite. Cette réalisation semble peu aboutie mais c’est plaisant à l’image avec un bon jeu d’acteur. Sara Forestier est vraiment touchante, c’est une belle prestation.

Le début est presque puissant. Le film parle du handicap, de cette vie bricolée et d’une rencontre insolite entre deux êtres échoués. La suite tombe malheureusement dans les clichés. Un scénario parfois trop “bonne école” ne surprend pas. À chaque changement de plan, on peut deviner l’action suivante. Le chemin facile des stéréotypes est malheureusement emprunté. Le professeur de français (Nicolas Vaude) l’illustre bien. Il est forcément “intello, artiste, poète” pour marquer la barrière avec le “Mo le dur”.

On sent bien que Sara Forestier a voulu porter cette histoire d’amour avant tout. Mais elle a oublié la singularité et la force de son sujet. Pousser et utiliser les représentations de l’amour à outrance rend le film presque un drame banal avec tout ce qu’il faut pour faire pleurer. Tout était pourtant là ! Dommage que Sara Forestier a choisi de mettre le film dans la catégorie “Love story”.

Quentin Duforeau

Pour aller plus loin :

Abus de ciné : “On connait Sara Forestier pour sa capacité à interpréter brillamment des rôles difficiles et tout en nuances comme dans « Mes séances de Lutte » ou « Suzanne »…” – Article complet