Notre critique “Three Billboards outside Ebbing, Missouri” – Martin McDonaugh

Il a fallu se montrer très patient, mais finalement on l’a vu, ce petit bijou signé par Martin McDonaugh : Three Billboards outside Ebbing, Missouri. Une très belle histoire qui s’inscrit dans l’air du temps avec une femme déterminée à se battre pour retrouver le meurtrier de sa fille et des policiers sur le chemin de la rédemption.

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Alors qu’il traversait en bus les Etats-Unis, Martin McDonaugh passe devant trois panneaux publicitaires détournés de leur fonction première et sur lesquels quelqu’un reprochait à la police locale de ne pas avoir élucidé un meurtre. A partir de là il a écrit le scénario de Three Billboards outside Ebbing, Missouri (stupidement traduit en français par Les panneaux de la vengeance). 

Le film arrive tout juste en Europe après être sorti aux Etats Unis à la fin de l’année dernière pour ne pas manquer la compétition des Oscars, et autant vous dire qu’il est particulièrement bien placé dans toutes les pronostics, à juste titre.

L’histoire est simple : une mère dont la fille a été assassinée et dont le crime est toujours impuni, consacre ses économies à l’utilisation de trois panneaux publicitaires sur lesquels elle dénonce l’inaction de la police et du shérif local. Le côté « local » est suffisamment important pour être précisé dans le titre. Dès le début on comprend vite comment fonctionne la petite localité de Ebbing. Et ça c’est une des forces d’un film dont chaque plan a un sens, et une esthétique. On est au milieu du Midwest (c’est-à-dire au milieu de nulle part). Le monde ne va pas vraiment au-delà des limites du comté, les idées non plus, quant à l’ouverture sur les autres et la différence… On comprend vite aussi que personne n’est parfait, ce qui rend les personnages si attachants, sans parler des interprétations au cordeau de Frances McDormand bien sûr mais aussi de Woody Harrelson et de Sam Rockwell (un de ces noms va ressortir aux Oscars c’est sûr).

Three Bilboards… est le troisième film de Martin McDonaugh en dix ans. On lui doit aussi Bons baisers de Bruges et, passé plus inaperçu, Seven Psychopaths. Ce pur produit britannique (né à Londres de parents irlandais) passé par le théâtre est un petit génie de la comédie noire qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Philippe Mathieu